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[Interview] Marc G.J. Feuilloley – Biologie

Chercheur en biologie, Professeur des Universités, Université de Rouen Normandie

Quel est votre métier ?

Je suis Professeur d’Université. Mon travail comporte donc plusieurs fonctions : enseignement en université (un peu), recherche (beaucoup), et administration (trop). J’ai été directeur d’un laboratoire de recherche en Microbiologie pendant 12 ans et aujourd’hui je suis responsable d’une plateforme d’innovation qui développe des projets entre les universités et les entreprises.

A quoi ressemble votre journée de travail ?

Il n’y a aucune journée standard, ça change tous les jours et j’adapte mon agenda aux besoins. Parfois je débute à 8h, si possible plus tard, et le soir finis à 19h en moyenne, mais ça peut aussi être bien plus tard. En moyenne ça fait 9 à 10h de travail par jour, sans de pause le midi (c’est un horaire où on a souvent des réunions de travail). Aujourd’hui je ne suis que très rarement « à la paillasse » (une paillasse est une table de manipulation, cela signifie faire des recherches dans un laboratoire, ndlr) et je gère la recherche de collègues, post-doctorants et doctorants. En début de carrière j’ai longtemps réalisé les recherches moi-même.

Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans ce métier ?

Le changement permanent en recherche, le sentiment de liberté face à des questions toujours nouvelles et la conviction de servir à quelque chose pour l’humanité.

Depuis quand aimez-vous la science ?

Depuis toujours, je n’ai jamais envisagé d’autre profession que celle de chercheur en biologie. Pourquoi cette passion, probablement parce que la vie reste le plus grand des mystères. Elle est plus que la somme des éléments qui la compose, il y a donc des choses importantes qui nous échappent encore complètement.

Quel est votre plus beau souvenir scientifique ?

En général c’est associé à la publication de travaux qui ont à mon sens de l’importance. Au cours des 10 dernières années, je dirais la publication d’un article dans la revue internationale PLoS ONE, j’en ai pleuré. C’était le premier article où on montrait la communication entre les bactéries et les cellules de la peau et je savais que c’était le début d’une très longue histoire. Je travaille encore sur ce sujet. Il y a eu aussi le jour où j’ai fini la première évaluation de mon labo par la commission nationale, je savais qu’on avait réussi (les laboratoires de recherche ne sont pas créés pour toujours, ils sont évalués tous les 4 ou 5 ans, c’est un « examen » et si on échoue, le labo peut être fermé). Un autre souvenir impressionnant est une conférence devant 5000 personnes au Palais des Congrès de Paris.

Quel conseil donneriez-vous à des élèves qui veulent devenir scientifiques ?

D’abord travailler, travailler et travailler. Avant de s’engager dans cette voie, il faut être conscient que ce ne sera pas 35h/semaine et que vous passerez plus de vie avec vos collègues au labo que chez vous. La science étant par définition internationale, il faudra être capable de voyager et de parler des langues étrangères (l’anglais écrit et parlé est obligatoire). Il faut aussi être curieux de tout, un élément important est la culture scientifique la plus large possible. Le parcours est très dur moralement et physiquement (fatigue), il faut donc être acharné et déterminé. Il faut aussi avoir un caractère fort pour résister à la compétition permanente et aux échecs (les travaux de recherche ne marchent pas toujours). Il faut aussi savoir communiquer car un savoir non transmis n’existe pas. Mais il faut se dire qu’un(e) bon étudiant finit toujours par avoir sa chance, mais il faut être prêt et savoir la saisir.